Reconnu sur la scène internationale, le Trio Zodiac était de passage chez nous!
Dans la série Jeunes virtuoses, Diffusions Amal'Gamme produisait le Trio Zodiac, le 26 octobre 2024, à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Ce trio non conventionnel est né aux USA en 2006. Il est composé de la pianiste Riko Higuma, du clarinettiste Kliment Krylovsikiy et de la violoniste Vanessa Mollard. Ces trois fabuleux musiciens nous ont offert des moments inoubliables.
Ce trio qui se produit aux USA, au Japon, en Europe, dans la plupart des villes culturelles de Chine, au Canada, était à Prévost pour une deuxième fois. Quelle chance inouïe nous avons eue de les entendre projeter leur amour de la musique. Ils nous ont offert un programme époustouflant.
Le concert débute avec l'Ouverture de An American in Paris de George Gershwin créé en 1928. Il s'agit d'une réduction d'orchestre interprétée avec brio par les musiciens. La pièce s'inspire de l'énergie de Paris pendant les années folles. Les klaxons sont reproduits par l'excellent clarinettiste. Il joue avec une facilité déconcertante. Il fait rayonner le son avec beaucoup d'expressivité et d'exubérance et avec une aisance exceptionnelle. Après, on entre dans l'univers de Peter Schickele (1935-2024), renommé pour sa musique classique humoristique composée par P.D.Q.Bach (1742-1807), musicien de fiction inventé par Peter Schickele pour lequel il écrivit de la musique satirique. On retrouve les diverses personnalités de l'auteur et son amour pour la musique des cowboys. C'est très amusant. La première partie s'achève sur Le Danzôn No 2 écrit par Arturo Marquez en 1994. Il s'agit d'une œuvre écrite pour orchestre symphonique, dont la version a été réduite à trois instruments. Le ton était lyrique, sensible, sensuel et vibrant. C'est extraordinaire de pouvoir entendre une version réduite à ce point si bien rendue qu'on croirait entendre le son d'un orchestre complet. La violoniste possède un aplomb hors du commun. En même temps, elle est d'une finesse, d'une précision, d'un lyrisme, d'un ton irrésistible. Quelle technique, mais quelle aisance REMARQUABLE!
La deuxième partie ramène Gershwin dans une Ballade sur le thème de Porgy and Bess, arrangé par Rupert Russell Bennett (1894-1981). Il semble que cet arrangement soit une première canadienne. Les trois musiciens sont fascinants. Bien que leur performance soit sérieuse. Ils projettent un réel plaisir contagieux. On ressent l'aisance de chacun et sa complicité avec l'autre. Leur connivence dans les intentions et dans l'action artistique est palpable, surtout entre la violoniste et le clarinettiste. La pianiste est extraordinaire et d'un très haut niveau professionnel. Comme elle est physiquement placée derrière les deux autres artistes, on la perçoit davantage comme une accompagnatrice qu'en tant que partenaire, ce qui n'enlève rien à la qualité de sa performance.
Un hommage à Benny Goodman dans The World is Waiting for the Sunrise (1922), connu par Les Paul et Mary Ford (1951), est une chanson de l'Après-Guerre qui met en vedette ce fabuleux clarinettiste et roi du swing qu'était Benny Goodman, avec un arrangement de Jean-Marc Brisson. Goodbye, une chanson triste de Gordon Jenkins publiée en 1935 et devenue la chanson thème de clôture de l'orchestre de Benny Goodman.
En finale, Contrastes, une pièce écrite en 1938 par Béla Bartòk pour violon, clarinette et piano et destinée à Joseph Szigeti (violon) et Benny Goodman (clarinette).Cette œuvre exige une très grande maîtrise rythmique. Il n'y a aucune place à l'improvisation. On y retrouve des ornements compliqués de jazz, des rythmes bulgares, OUF! Il fallait l'entendre!
Bref, nous avons eu la chance d'entendre des musiciens de très haut niveau de compétence, brillants, intelligents, sensibles, expressifs, extravertis, solides, de la trempe de ceux qui dépassent les contingences de leur instrument.
Ils sont partout. Pékin, Paris, New York, Chicago etc… et…Prévost. De grâce , à leur prochaine venue chez nous, ne les manquez surtout pas!
Carole Trempe